Étiquetage nutritionnel 4 systèmes testés à partir du 26 septembre
Le gouvernement s’apprête à expérimenter quatre systèmes d’étiquetage destinés à identifier plus facilement l’équilibre nutritionnel des aliments. L’opération suscite une polémique entre industriels de l’agroalimentaire et chercheurs en nutrition.
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Le gouvernement s’apprête à expérimenter quatre systèmes d’étiquetage destinés à identifier plus facilement l’équilibre nutritionnel des aliments. À partir du 26 septembre 2016 et durant dix semaines, les quatre affichages seront testés dans 40 supermarchés Casino, Carrefour Market et Simply Market de l’Ile-de-France, de la Normandie, des Hauts-de-France et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Plus de 2 millions d’étiquettes seront collées sur 1 300 produits, aux rayons de traiteur (pizzas…), conserves, pains et viennoiseries industrielles. Vingt supermarchés serviront par ailleurs de magasins témoins.
Un rapport classant l’efficacité des quatre systèmes, rendu au plus tôt en décembre, contribuera au choix du ministère de la Santé. « Il s’agit de voir lequel de ces systèmes est le plus susceptible de modifier les actes d’achat », en orientant les consommateurs vers des produits plus équilibrés, a déclaré Benoît Vallet, directeur général de la Santé et coprésident du comité de pilotage de l’expérimentation.
Lutter contre la progression de l’obésité
L’objectif est d’inciter les Français à acheter moins de produits riches en gras, sel et sucre, pour lutter contre la progression de l’obésité – qui touche 15 % de la population – et des maladies associées, a souligné Benoît Vallet. Le principe d’un étiquetage plus simple que celui qui figure aujourd’hui sur les paquets a été établi par la loi sur la modernisation du système de santé, votée à la fin de 2015. Néanmoins, le logo retenu restera « facultatif », la réglementation européenne ne permettant pas de le rendre obligatoire, a-t-il rappelé.
Initialement, le système retenu devait dépendre d’un décret. Il s’agit d’un logo avec cinq couleurs (du vert au rouge), proposé dès 2014 par l’épidémiologiste Serge Hercberg, qui préside le plan national nutrition santé (PNNS). Ce logo, préconisé par le Haut-Conseil de la santé publique (HCSP), avait été jugé le plus efficace, selon une étude comparative publiée en 2015.
Un test pour départager les dispositifs
Mais les représentants de l’agroalimentaire le jugeant « stigmatisant » s’étaient opposés au projet, en réclamant une étude en conditions réelles d’achat. La ministre de la Santé Marisol Touraine avait alors annoncé l’organisation de ce test pour départager quatre dispositifs : Nutri-score (avec cinq couleurs) défendu par le HSCP, celui avec trois couleurs en vigueur au Royaume-Uni, Nutri-repère (conçu par l’industrie agroalimentaire) et un dernier mis en avant par la grande distribution (SENS).
Cette opération fait l’objet d’une polémique depuis son annonce, plusieurs chercheurs dénonçant le manque d’impartialité du comité d’évaluation mis en place et les tentatives d’interférence de l’Ania (industries agroalimentaires) et de la FCD (distribution) dans le dossier. Le site d’informations en ligne Mediapart a publié une lettre adressée par les représentants de l’industrie agroalimentaire et de la distribution au ministre de l’Agriculture, lui demandant de « mettre fin » à une étude dirigée par Serge Hercberg, qui visait à mesurer l’efficacité du code aux cinq couleurs élaboré par son laboratoire. Ce dernier a dénoncé une « tentative d’interférence incroyable et choquante ».
« En aucun cas il ne s’agit de remettre en cause tous les travaux scientifiques menés en parallèle de cette expérimentation. L’objectif était que soient arrêtées les actions de communication qui risqueraient de fausser les résultats de l’expérimentation », s’est justifiée la FCD, tandis que l’Ania expliquait avoir « toujours affiché publiquement une préférence pour les logos » Nutri-repère et SENS.
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